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sur terre

by cerna

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gridy Album d'une écriture remuante, bousculant certaines visions que l'on peut avoir des politiques menées dans ce monde. j'aime son rap qui a du coffre, ces prods choisies; j'aime ce petit côté rap rock punk . Bref un super album à mes yeux . N'hésitez pas . Favorite track: Bisesero (Rwanda 94).
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1.
Me voilà à ras de sol irradié, où j’ai échoué. J’ai passé 30 automnes, je comprends à peine où je débarque. Un avenir activement radieux d’après EDF. C’était déjà la guerre, ne dis pas que je la déclare. De quoi je me plains, regarde : À en croire les capteurs, je rayonne grave. Comme n’importe quel enfant de la cité, perdu, Avec des envies de fuite et des années de plus. Putain, mon cœur a fondu dans l’étain, coulé dans l’étang, Cet abcès dans mon ventre, c’est que j’ai grandi dans le coin. Va trouver l’équilibre quand tu côtoies le vide, Fallait prendre la parole de peur de perdre le fil. Mieux vaut tard que jamais... Les mots tardent à jaillir, et l’écart des années Maintenant nous sépare Du départ. J’ai rien appris, reufré. Je le referais. On me décrit un empire déchu, moi je ne vois qu’une décharge, Pas tellement déçu, mais vos sous ne suffisent pas Pour me rendre la vue, non... Donc je donne de la voix ! Je m’abreuve du contenu de ce fond de bouteille à l’amertume Genre cocktail Molotov glacé. Bienvenue dans mon désert. Yo, mon blaze c’est Cerna et c’est le premier volet.
2.
Je dédie ces lignes à mes complices inconsolables. À mes cassos que les conseillers d’orientation ne savent plus caser. Aux psychiatrisés en sursis et tous les marmots de la zone grise, genre agités et trop bruyants dès la mater’. À ceux qui se terrent dans un silence assourdissant. Aux rescapés de l’abattoir. À ceux qui mentent et ceux qui manquent... Premier couplet, comme pour planter le décor, détourner le destin et maculer le poster. Quelques mots pour transgresser le mot d’ordre, pour gâcher le festin et provoquer le bordel. Bordel ! De partout ça se rétrécit, les médocs ont bâillonné et l’asile et la ville. Cherche même pas une issue. Tout autour c’est pareil. Des centaines de lieux clos ont jalonné nos vies. Bordel ! Où je traîne, la camisole se pare de toutes les douleurs. Nardinamouk ! Ça turbine à la chienne, de la crèche à la morgue. À la longue les injures ont façonné les corps. Les vautours sont de sortie, psychiatre fais ton office, fais de nos vies des parcours, Promenades en zone grise. Parait que je relève de la psy, y a problème, c’est pas dit que je m’en relève. Ici, le premier garde-chiourme au garde-à-vous veut que tu te mettes à table comme en garde à vue. Sale. Pas de garde-fou, peu de cartes à jouer. C’est que le jeu est truqué, c’est que le proc fait l’arbitre. Et la nuit, l’infirmier dort paisible, pendant que mes morts ou vifs jouent de la corde à vide. Serre des dents ! Moi j’ai de la haine à revendre, mais là je leur fais gratuite. Bienvenue dans les non-lieux de la raison médicale, où l’erreur est proscrite et la bête est humaine, L’horreur trop quotidienne, à la longue trop banale, n’a plus parfum de scandale. Bienvenue dans le meilleur des mondes, où la route est balisée, pavée de bonnes intentions. Soyons sages. T’inquiète, ils s’occupent de tout... ça dort du sommeil du juste. Second couplet, pour provoquer le désordre, pour peupler le désert et réveiller le désir De piller le bazar, de brûler le trésor. Ils courtisent l’histoire, on se fait baiser par le récit. Bordel ! J’ai mal, t’as mal aussi. On ne guérira jamais mais c’est peut-être mieux ainsi. Mais bordel ! On ne se soigne pas de ce monde, il se rappelle à nous, partout, tout le temps. Dehors les murs, dedans la bombe, ça peut té-sau à tout instant. Reste à savoir qui commence : est-ce la terre ou nos têtes ? C’est le même mouvement, on crache les mêmes poussières, mêmes fumées toxiques, Mêmes carrières en friche, dont de grands savants veulent extraire la pierre de folie. Signe de ton sang en bas de page ou sur les murs de ta cellule : la psy m’a tuer. Y avait quelqu’un au fond de la cage. Rebelle, en colère, impatient, puis plus rien. Je vais peut-être être pénible une fois cette fête finie, j’aurais gratté quelques rimes avant le KO technique. Vestiaire. Maintenant je rejoins le bestiaire. Pas le choix, mes délires seront féconds ou bien alors mortels. Bienvenue dans les non-lieux de la raison médicale, où l’erreur est proscrite et la bête est humaine, L’horreur trop quotidienne, à la longue trop banale, n’a plus parfum de scandale. Bienvenue dans le meilleur des mondes, où la route est balisée, pavée de bonnes intentions. Soyons sages. T’inquiète, ils s’occupent de tout... ça dort du sommeil du juste. Bienvenue dans l’envers du monde, Les chemins sont tortueux et la folie féconde ou mortelle, Où pousse la mauvaise herbe, où le cadavre bouge encore et il cherche la sortie. C’est le bordel ! Carnaval des agités, la bande à marginal, grain de sable dans le barillet, Le cauchemar des voisins, terreur de la bourgeoisie, de la frange oisive plutôt que la France moisie. Bordel ! C’est pour mes combattants dans les luttes quotidiennes, autant au taf qu’au chtar, Irrésolus même quand c’est mort d’avance, que c’est la foire d’empoigne, que ça se tire dans les pattes. À mes parasites qui se regardent en face, Tous ceux qu’ont les mains dedans mais qui lâchent rien quand même, c’est... Big up à ceux qu’essayent. C’est là la brèche, la mèche, la vraie cavale... C’est certain qu’à Sainte-Anne ils en traitent par centaines de vrais maux, réduits à des symptômes.
3.
Cramer l’instant, le temps de relever la tête, de piquer dans l’assiette, mieux que boycotter la fête. Vu l’état de nos pensées, de nos foies, de nos panses, De nos comptes en banque, on peut détourner la recette. Peut-être bien libérer la bête, savourer ce qu’il nous reste, faire le compte de ce qui nous manque. Je parle pas des merdes qu’on nous vend, ni même des miettes qu’on nous laisse. Y a des baffes qui se perdent, nous on veut vivre dignement. Il nous faut la lune sinon rien. C’est mort, on le sait pertinemment. Moi je fais du rap fin de course, mes potes en redemandent. Je rappe pas les berlines allemandes, mais pour mettre des chicanes aux salopards qui nous mentent. On va accroître nos dettes, faire sauter la banque avant de relever nos manches. Décidons que la nuit est belle. Versons un peu d’alcool, hommage à ceux qui nous manquent. Ma tête est malade, parle à mon ventre. Pour me mettre à la diète, faudra me mettre à l’amende. Yo, fais-moi boire jusqu’à plus froid. Viens, brise la flasque. Pour mes crève la poisse, c’est la trêve d’un soir, ou l’affaire d’une heure pour que refoulé sorte. Ce n’est que l’effet d’un sort. Fais-moi bédave jusqu’à plus faim. Viens, qu’on annule demain. Et puis demain j’assume, même le réveil brutal, et nos gueules à la une si par hasard c’est le drame. J’ai passé l’âge d’être sage. Si c’est foutu, fais-toi plèse. Fais-toi plèse, sinon c’est foutu. Sentence ponctuée de trois points de suture. J’ai perdu de vue la trotteuse et sa course. Demain c’est loin, l’ivresse est sourde. Ça met beaucoup d’application à faire n’imp’. Je nous souhaite de le faire mieux, vraiment pas d’en faire moins. Découvrir tout l’intérêt de la trentaine, quand tes habits de deuil deviennent tes habits de fête. Yo, va contenir l’amertume dans un verre d’alcool pur... On peut se louper, bien sûr. Moi je m’approche, et je me méfie du bar. Les seuls moyens du bord nous foutent border-line, bordel. Mais la bête nous surveille. Ça va devenir un enjeu que nos fêtes nous survivent. Nos feux de joie, même nos débrouilles dérisoires, je te jure : on m’annonce leur fin au journal. Croyez pas nos rages à la morgue, le cadavre bouge encore et n’a pas fini de mordre. Toutes les rues ne sont pas encore mortes. N’insultez pas la foule, plein de gravats dans la zone. Yo, fais-moi boire jusqu’à plus froid. Viens, brise la flasque. Pour mes crève la poisse, c’est la trêve d’un soir, ou l’affaire d’une heure pour que refoulé sorte. Ce n’est que l’effet d’un sort. Fais-moi bédave jusqu’à plus faim. Viens, qu’on annule demain. Et puis demain j’assume, même le réveil brutal, et nos gueules à la une si par hasard c’est le drame. J’ai passé l’âge d’être sage.
4.
On m'disait 03:14
On me disait : si la droite repasse au pouvoir, c’est perdu. C’est son alter de gauche qui débarque, je suis pas dupe ! C’est le même rapport de farce qui perdure, je l’ai perçu. Ma coquille ? Je l’ai percée dans le purin ! Je n’ai attendu personne pour flipper, je suis servi. Je suis pas le premier visé mais j’ai ma place sur la liste. Y a peut-être un flic sur la piste, P.38 dans la poche, je perds même pas les pédales ! Ce présent me perturbe, Paris fait peur. Un peu glorieux passif, Paris se veut propre. Tu parles, mon pote : Paris déporte, rafle à Bes-bar, pacifie derrière le périph. Tant pis si ça se répète, les témoins sont partis. Qui parle de repentance ? C’est de guerre ou de paix qu’il s’agit. Ce pays développe un herpès. Y a comme un air de peste. Une prouesse bien française, cette pensée qui paresse... Les mots perdent de leur poids, n’empêche ce texte est pesé, Bien que pas assez policé pour plaire aux policiers. J’ai passé une étape, le présent me rattrape, je repose dans la cage à lapin, et en piteux état ! En cas de perquise, je précise : j’ai pas de baril de poudre, pas de ceinture d’explosifs, pas du tout ! Plus de lance-pierre depuis 15 piges, porte le spliff au bec comme diplôme de paresse. Les portraits de mes potes tapissent pas les murs de la presse people, plutôt RG pour tout public. Peut-être bien que nos vies privées ne passionnent que le petit personnel patenté et les cours de justice... C’est presque flatteur quand j’y pense, vu mon expérience de l’impuissance politique. Drôles d’ennemis en puissance... Tous pareils, faut qu’on parle et se prépare au pire. On apprend à protester. Pure perte peut-être mais faut tester. Question de se supporter, la prétention de rester dignes, quand le brouillard s’épaissit, Donc conscients que l’heure du pire approche aussi. Je fais pas de prophéties, Y a du Pétain dans les discours de plus d’un. Ça opprime pour des calculs de butin. À qui crois-tu que profite la chasse aux sans-paps ? Pas de fiche de paie, c’est pratique, personne parle. Le patron se protège, promet que c’était à son insu, les parrains du BTP pourraient nous en dire plus. Paraît qu’ils ont perdu la mémoire, permettez ! Je suis une épine sous leur pied. Ce point de vue ne s’exprime que le poing levé. La police politique est en place, soyons clairs. Ça pue l’empire déchu, à croire que c’est mon album posthume. Je veux juste être bien placé pour voir péter les tours
5.
C’est l’histoire de B, de F, de K et de tant d’autres. Tout ça se joue à Paris, et ça se passe en Afrique. Conseillers occultes, cautions humanitaires. Gourous, hommes d’affaires, détachés militaires, c’est... La petite histoire des grandes massacres. Agent officieux, mercenaire en mission. Issu des officines, des basses-fosses du pouvoir. Biafra, Rwanda, son parcours en dit long, des escadrons de la mort jusqu’aux cabinets noirs. B fait dans l’aventure, dans les salles de torture et la chasse aux sorcières. Trempé dans de sales histoires jusqu’au cou, corsaire de Françafrique, il ira jusqu’au bout. C’est l’élève assidu de l’école militaire, il connait la méthode, le mode opératoire. La sale guerre, ça s’apprend. C’est tout un savoir-faire, ça s’exporte, ça se vend. Ils en ont fait des livres, tout un prêt-à-penser de l’état de terreur, Quelques cartes à jouer pour soldats de réserve. B a le mode d’emploi, en cas de révolte. Et voilà le cas de ses rêves : mission pour l’Élysée sur les terres africaines. Agent dormant, on le réveille. Opération insecticide. Objectif top secret. Du classique, des homicides surtout. À Alger, le sang coule. B exécute sa mission, les témoins, les otages. Champagne sabré à l’étage ! B cumule avantages de fonction. Dernier recours, le chantage. B, c’est le Barril de poudre de Marianne, la doctrine Aussaresses, on brûle tout, on s’arrache... Officines, commissions, parallèles ou pas, Services secrets, cabinets noirs : C’est la marque de l’Élysée au cœur de l’Afrique. Homicides, disparitions, tortures, génocide... La petite histoire des grands massacres. Passons à F, commanditaire de B, fonctionnaire zélé de la raison d’État. Marionnettiste du pré-carré français, fomente des coups d’éclat de son cabinet noir. Palais de l’Élysée, au cœur du pouvoir, cherche pas : c’est pile au fond du couloir Que se joue le spectacle, que se lave le linge sale, et la manne familiale d’argent noir. F s’est fait le notaire placide aux nerfs d’acier. Il dit qu’il administre, et quelque part, c’est vrai. C’est une vieille pratique, et le jour du crime F a un alibi. Il peut dormir tranquille. Les dictateurs africains lui doivent tout, donc ils lui font la cour. C’est qu’F aime tant l’Afrique qu’il lui fait la mort. Un corps-accord de coopération, d’accord ? Hardcore, mais c’est bien le coût du pétrole, l’arrière-goût de l’uranium, C’est l’amertume de nos pilules d’iode. Disparitions et fraudes font partie des méthodes d’extraction. La DS de De Gaulle roule au sang africain. Demande au service action quelle est la nouvelle guerre sainte. F s’est fait trafiquant d’influence, il s’affaire avec la faucheuse, des fois que... Il emploie ses réseaux, ses filiales, ses filières, ses fichiers, pour rester au parfum. Il vole : c’est qu’F a de noirs desseins. Il tue : c’est qu’il s’en donne les moyens. F, c’est le Mazarin, le vizir, l’intrigant. À Yaoundé, l’opposition baigne dans son sang. Officines, commissions, parallèles ou pas, Services secrets, cabinets noirs : C’est la marque de l’Élysée au cœur de l’Afrique. Homicides, disparitions, tortures, génocide... La petite histoire des grands massacres. K, c’est le gars généreux, on fait grand cas de son cœur, de sa conscience, de sa culture encore. L’enfant de rescapés s’est trouvé une mission : il sera cabotin, camelot des bonnes causes. K ne cache pas son goût pour les mondanités ; camé aux caméras, petits fours, canapés. K n’inquiète plus personne, il est canalisé, les marchands de canon veulent le canoniser. Faut dire que K est poli, à ne parler des cadavres dans le placard ni à table, ni au lit. Faut dire que K est patriote, question rayonnement de la France. Il arrive que K regrette d’une voix blanche que ses commanditaires l’emploient pour son silence. Mais... pourrait-il en être autrement ? Son ingérence roule en cabriolet ou en tank. C’est la médecine de bric et de broc, le grand retour de la charité sous son casque colonial. Devine seulement de qui elle se moque ? Où elle opére, de quoi elle se mèle... Il a la politesse de l’apolitisme : on ne saura rien sur Kigali. K, c’est l’abdication. Dernier round. Tintin au Cameroun. Officines, commissions, parallèles ou pas, Services secrets, cabinets noirs : C’est la marque de l’Élysée au cœur de l’Afrique. Homicides, disparitions, tortures, génocide... La petite histoire des grands massacres.
6.
On a merdé. Tant pis, c’est pardonné. On a perdu vertu, mais pas fierté. Même tout en bas, on se tient debout. Grave à bout, on se débat. Ces larmes, c’est la fumée. Pudiques, dans la famille. Paraît que c’est rude, ma gueule, la vie d’ici. T’as vu les cernes, t’as vu les rides, t’as vu les cicatrices ? Deux-trois stigmates lourds de sens, parle pas d’handicap, fils d’Eichmann. Bureaucrate ! Je me lève tard pour fuck pole emploi. Dès que quelqu’un redresse le torse, ne serait-ce que pour voir l’effet que ça aif, C’est qu’il reste à défendre chose-quelque. OK ? On ne nous aura pas pris en otage impunément, Avec tous les chantages de la terre, et l’atome au dessus de nos têtes. On nous désigne usines pour seuls abris, Pour seuls habits des blouses bleues. Y a encore le sol à faire ! Liquidateur ? On fait l’affaire, le sacrifice c’est dans nos cordes. Salope, ton petit confort tu te l’es bâti sur des corps. Donc de retour, nombreux, irradiés, bioniques, Marqués en nos chairs, parqués en nos tours, Bombes humaines, drogués, maniaques, alcooliques, Perdus dans nos têtes, on se cherche dans les luttes. Pour mes voleurs, mes vandales, il serait temps que nous mettions Nos passions, nos talents, au service de nos attentes. Pour mes menteurs, mes tricheurs, mes bricoleurs même dimanche, C’est jamais ou tout le temps. C’est dead ou c’est maintenant !
7.
OK, je crache ce morceau comme un hommage. Je mets les pendules à l’heure : le rap m’appartient pas, ni à personne. Pas moyen que je donne des gages ; les gardiens du temple pourront toujours me traiter de profane... Allez, remballe l’orthodoxie, je suis méchamment à découvert niveau street-crédit. Houla, ça trafique le stéréotype ! Mais pas de brevet de misère, ou alors qui le délivre ? D’abord, le rap c’est dans mon corps, j’y suis dans mon élément comme un mort à la morgue. Il lie ma bile à ma salive, mes tripes à mon cerveau, met ma folie à mon service. Il donne voix à ma panique. Un flow qui me travaille, une basse qui me traverse, Un sentiment de puissance juste l’espace d’un instant, puis te laisse KO comme une prise de son. C’est un duel entre forme et fond, entre beat qui claque et rime qui pense, Une tension entre bringue et deuil. Traite pas le rap d’assassin, le rock s’est tué tout seul ! C’est pas le pire moyen de se la raconter, ça nous change un peu de voir nos ventres vibrer, Quand se perd la mémoire et les grandes idées, quand faut se vivre en guerre pour mourir en paix. Qu’on le pille, qu’on le nie, qu’on le vide de son sens, Qu’on en parle, surtout qu’on le méprise, C’est pareil : le hip-hop n’est à personne. Qu’on le conchie, le cache, qu’on l’affiche ou le casse, Qu’on l’imite, qu’on l’engraisse, qu’on l’évite, qu’on le cherche, C’est la même : le hip-hop n’est à personne. J’en attends rien d’héroïque ni d’exemplaire, OK ? Il est juste de ce monde, il est pas au dessus. Des paroles libres, le rap est de partout. Il se veut pas unanime, y a que du parti-pris. Compte pas dessus pour que ça parte en vrille : pas d’art émeutier, mais combien de fois faut le dire ? Il casse pas de vitrines, fait peu de victimes, désolé mon frère : c’est pas une arme de guerre. Au mieux, il attise quelques braises, nourrit quelques colères, mais il les fabrique pas. Quand ça craque tout autour, parfois mieux vaut se taire. Y a plein de faux combats que parfois mieux vaut perdre. Y a pas de chemin tracé, souvent mieux vaut se perdre ! Pas sûr que les mots suffisent, mais j’ai peur de parler tout seul alors je rappe quand même. J’ai des mentors dans le rap qui le savent même pas, j’écoute en boucle si les textes me frappent. Ça dure ce que ça dure, un MC chasse l’autre dans mon hip-parade. C’est comme le reste : j’y cherche pas de pureté ; rien qu’à l’idée, moi ça me ferait flipper. Je suis pas puriste mais j’ai v’là l’exigence ! J’attends du rap qu’il tue, donc il me déçoit tout le temps. Qu’on le boycotte, l’insulte, le commente ou le vende, Qu’on le critique, l’interdise, ou bien qu’on le défende, C’est la même : le hip-hop n’est à personne. Qu’on le rende incolore, inodore, indolore, Qu’on l’embaume, qu’on l’endorme, qu’on s’en réclame encore, C’est pareil : le hip-hop n’est à personne. C’est à tout le monde, puisqu’à personne. Regarde : ce siècle sue la souffrance par tous les pores. C’est à tout le monde, puisqu’à personne. Ce qu’on recrache, c’est la violence sous toutes ses formes. C’est le cri de la galère, l’écho du charbon, Rumeur des bannis qu’ont pas voix au chapitre. Le cul du tarpé, chroniques du parterre, Le refrain des morts-nés. Le rap est immortel !
8.
Yo, dis-moi qu’on sème pas que de la merde. Soyons certains, soyons sérieux, ou surtout pas. Est-ce qu’on se connaît ? À trop s’aimer pour ce qu’on n’est pas, on croira se quitter pour ce qu’on est. Tu parles ! Moi je peux pas me rendre à l’évidence, tirer le rideau au premier fantôme qui déboule. Premier mot sale... À la première promesse trahie, fais ta valise ! Faut du temps pour que nos langues se délient, il en faut beaucoup moins pour se dédire. Mais va savoir, jusqu’où ça vaut la peine encore ? On sait qu’un jour y a plus de magie. Alors bien sûr qu’on prend des risques. On peut se tromper, et la routine nous pend au nez. C’est que la roue tourne. C’est tout pourri ou magnifique. C’est tout ou rien. On peut se faire mal, ça c’est facile. Et saboter l’amour mort-né. On peut se salir. Bah ouais bien sûr qu’on est fragile, capricieux, insatiable. Merde, on se ressemble... Pauvre mec, salaud, sale traitre ! Dis-moi qu’on s’aime... Salope, emmerdeuse ! Dis-moi qu’on s’aime... On parle mal, on s’insulte, c’est juste qu’on sait qu’on a usé Et les mensonges, et les promesses. Raclure, enfoiré, c’est dit ! Dis-moi qu’on s’aime... Sale petite connasse ! Bordel de merde... On dirait trop le daron quand je gueule. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour pas être seul ? On a grandi sur terrain miné, sur des terres arides, Éduqués à mort dans la tradition de la trahison, et la traite des sens. La gueule de bois avant l’ivresse. Sur nos berceaux se penchaient des curetons et des profs. On en a bouffé de leurs sermons, de leur zer-mi, leurs tromperies, leurs petits arrangements. Ça, on en a plein la cervelle. On a découvert que le foyer c’était violence à foison, le lit conjugal, scène de crime, Où l’amour clamsait sans un cri, sous l’édredon. On ne nous a rien épargné. On porte ce legs, en héritiers du renoncement, partie de dés perdue d’avance, À te passer le goût de l’intrigue, l’envie de l’étreinte, ou juste à t’en rendre impuissant. Au suivant, dans le game du porno-bizutage, déniaisés au bordel des panneaux 4 par 3.... Merde. Bien trop sensible pour rien sentir, quand ils portèrent Éros en terre. Pauvre mec, salaud, sale traitre ! Dis-moi qu’on s’aime ! Salope, emmerdeuse ! Dis-moi qu’on s’aime ! On parle mal on s’insulte, c’est juste qu’on sait qu’on a usé et les mensonges et les promesses. Raclure, enfoiré, c’est dit ! Dis-moi qu’on s’aime ! Sale petite connasse ! Bordel de merde. On dirait trop l’daron quand j’gueule. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour pas être seul ? Alors bien sûr, sexe avant l’âge, porno-addict, ou quête stérile du prince charmant. Alors bien sûr la séduction, chair en pâture, la solitude des femmes battues. Alors bien sûr, la peur d’être seul, jusqu’au mensonge, la tromperie ou le sabotage. Bien entendu que ça nous habite et nous accable, que c’est dans nos têtes et dans nos chairs. Mais regarde, on lâche pas, on tente. On se plante des fois, et on se défend. Irrésolus, de peur d’être réduits à partager des résidus de vie, ce qu’on te vend comme seule issue. Elles valent la peine, ouais, même nos sales histoires, je te jure. Puisqu’on s’y frotte quand même, C’est peut-être qu’elles valent la peine. C’est peut-être qu’elles valent la guerre.
9.
C’est que mes chiens de la casse ont la goutte au zen. C’est que mes boules à Z tournent au Boulaouane. C’est que mon fond de la classe est inconsolable. C’est que soit t’es zélé, soit t’es pas solvable. Exact : j’en peux plus de gratter l’aide sociale. J’ai pas un flèche en poche, c’est pas une fin en soi. La dèche mon frère, je fais grailler pôle emploi. Une putain de raison d’être : faire taffer le travailleur social. Car c’est un gagne-pain, les fins de droits. Proxénète ! Veut te mettre au tapin les fins de mois. Au travail ! À ce qu’il paraît, ça rend libre et rend sage. Je n’écoute plus les darons depuis qu’on les regarde. Donc remballe la verroterie, je n’ai qu’une vie. Ma journée se marchande pas, déjà trop charbonné. J’ai faim de mieux, je suis pas le seul. Lassé des pâtes au beurre et des tafs pousse-au-meurtre. En attendant, je vis pile au-dessus de mes maigres moyens. Comprends-moi, pas de point de vue imprenable... Entre petite débrouille, libre service, petit larcin, j’ai pris le vice de piller dans la recette. J’étais fâché avant de savoir nommer cette merde, avant de compter mes potes, avant de plomber cette coterie. J’ai fait les comptes et j’y perds grave. Personne n’y croyait, c’est Cerna ! C’est sûr que la scène ne pourra jamais me consoler assez. J’ai consommé à souhait, je me suis reveillé à sec. Pourtant je suis pas vénère de la veille. Je vais me faire la belle, pas faire appel. C’est que mes chiens de la casse ont la goutte au zen. C’est que mes boules à Z tournent au Boulaouane. C’est que mon fond de la classe est inconsolable. C’est que soit t’es zélé, soit t’es pas solvable. C’est terminus, genre tout le monde déçu. Me parle pas de carrière, y a plus que des études, Des faux salaires. Faut qu’ils arrêtent les excès de zèle. Y a fausse alerte, et plus de taf que pour les AS ! Alors fais-moi zizir, juste ferme ta gueule et lâche le fric. Zéro contentieux au fisc ! Je vais pas te raconter de craques : J’ai beau cracher dans la soupe, je bois la tasse, plutôt que crécher dans la crasse. Viens, qu’on perturbe leur réunion de famille. Ils croient cacher leur faillite sous quantités de pralines. Leur luxe est misérable, mais ce qui reste est famine. Va choisir : j’en ai quitté la ville ! Un flow pour seule valise, je fructifie ma salive. On se fait pas que des ennemis dans les mouvements de panique. Fallait qu’on s’organise. Mon projet d’insertion, c’est un putain d’esclandre !
10.
Il marche. Comme il peut, il marche sur la ligne de front. Il chemine du pas esseulé des soudards sans solde. Soldats perdus, De ces sans-grade que le raffut des combats a rendu sourds À eux-mêmes. Ses 20 automnes déjà meurtris, à l’heure d’aimer, tout lui répugne. Sa naïveté obscène, sa tardive amertume, C’est l’arrière goût d’une sale victoire, Il le sait trop alors tant pis... Il fredonne. Comme il peut, fredonne l’air des insoumis, Le chant sinistre des renégats, la complainte des parjures, Des déserteurs du champ d’honneur. Il a renoncé à la gloire des sales besognes. Rien ne l’écœure plus que l’odeur entêtante de la suie et du sang, Qui le suit où qu’il aille, et qui l’enivrait tant. Il trimballe son dégoût de la frénésie du massacre. Il le sait bien, c’est un peu tard. Il s’approche. Comme il peut, s’approche De la ligne de démarcation qui sépare conquérants et conquis, Frontière tracée à la règle entre combattants et civils, Entre ce qu’il fut et ce qu’il est. Il a bien tenté de le soigner à l’eau de vie, Son corps chétif rendu robuste par l’humiliation, le mépris. Dans les vapeurs de l’alcool, il a cherché une mort digne. Il n’a pas su y laver sa honte. C’est impossible. Il cherche. Comme il peut, il cherche Le lieu où tout bascule, où quelque chose s’est éteint, Où la douleur a laissé place à la fureur pour toujours. Maudite colline qu’il reconnaîtrait d’entre toutes : Bisesero. Elle le poursuit dans son sommeil. Et dans sa veille, quand il est à compter les heures, Attendre l’aube, pour marcher encore et encore, En sentinelle de l’absurde. Mais un rien seul. Il gueule. Comme il peut il gueule, lâche ce cri étouffé, Vomit les razzias, les aveux sous la torture. Il pleure la folie assassine, Le prestige tortionnaire des siens qui sont venus dompter l’Afrique. Il connaît bien l’issue de sa course. Sa mutinerie arrive à terme. Mais d’ici là, les scènes fixées sur sa rétine ne lui laisseront pas de répit. Pas de repos. Et c’est tant mieux. Il arrive. C’est qu’enfin il arrive là où l’histoire s’achève, En fusillade ou coup de machette. Là d’où vient sa gamberge, gangrène des champs de bataille, Où il croisa enfin l’Ennemi : gamins ou vieillards tutsi, derniers rescapés des tueries, Et à leurs trousses, les militaires et miliciens fanatisés, Formés et encadrés sous la bannière bleu blanc rouge. Jusqu’à la solution finale. Oui, jusqu’au bout. Rwanda, Bisesero, fin du périple. Le paysage est magnifique, il ne le voit plus qu’anéanti. Théâtre d’ombres, terre de soupirs d’un peuple damné, qui fut traqué jusqu’au dernier. Rwanda, Bisesero, fin du périple. Il sait trop bien son sacrifice vain et tardif. Mais la déchirure est profonde. Juste en finir. Juste en finir.
11.
C’est une piqûre de rappel, griffonnée au scalpel, De celles qui marquent au fer, comme un 17 octobre. Comme une balafre d’automne, Un passé qui ne passe pas, car on le connaît à peine. Pas de traces de la Seine macabre, De celle qui charrie les corps et fait crisser les dents, De celle qui brise les os, nous fait tourner les sangs, Pleurer le sort avant de cramer l’essence. Puisque rien n’a gé-chan : les mêmes traques, dans les mêmes nuits sang d’encre, Au cœur des mêmes brouillards à couper au couteau. Sa mémoire obscurcie accoudée au comptoir... Douce France. Paye ta scène primitive, industrie de la terreur pour ennemi intérieur. Y a des traces de torture, C’est que les acteurs de la tuerie sont encore de sévices. Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on se fabrique une histoire à nous, plutôt que jouer la montre ou cracher la honte. Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on décide de quelles gueules on se réclame. Pas juste hériter du désastre. Veuillez prévenir les âmes sensibles Que pourraient bien jaillir quelques larmes rentrées, À force de touiller nos humeurs et biles, nos colères larvées. Mais qu’est-ce qu’ils croyaient ? C’est la rumeur des veillées tardives, des nerfs fragiles, des douleurs à vif. Combien à exhumer, dans les charniers de l’histoire, De mémoires en charpie et de bris d’espoir ? Au petit bal perdu des révoltes enfouies, Des utopies en fuite, ça fête Paris en feu De joie. Car ça ne renonce pas. Parce qu’on sera jamais quittes, jamais indemnes, Gamins perdus de l’armée du crime, orphelins de la Commune. Viens, qu’on choisisse notre famille pour une fois. Pas juste hériter du désastre... Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on se fabrique une histoire à nous, plutôt que jouer la montre ou cracher la honte. Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on décide de quelles gueules on se réclame. Pas juste hériter du désastre. Viens, qu’on se fabrique une histoire commune, un passé à nous. Du monde manque à l’appel. Viens, qu’on poursuive leurs luttes. Mauvaise herbe repousse toujours. Nés à l’ombre des centrales, on a eu tout le temps de capter le désastre. On n’a pas mauvaise conscience, mais grave conscience du mal. De sa banalité. Dis à Marianne de nous déshériter. On poursuit une autre histoire, De celles qui lavent l’affront et grattent la plaie. Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on se fabrique une histoire à nous, plutôt que jouer la montre ou cracher la honte. Qui grattait la plaie ? Qui lavait l’affront ? Qui levait le front quand ça bardait ? Viens, qu’on décide de quelles gueules on se réclame. Pas juste hériter du désastre.
12.
Sur terre 03:34
C’est jamais qu’un de plus... Un morceau de plus, un jour de pluie. J’étais celui qui bédavait le plus... jusqu’à ce que je puisse plus. J’ai pris de la drogue et de l’âge, la porte et le large, Payé la note, fêté l’album avant qu’il ne sorte. Je suis toujours pas avare de mon temps, J’en perds tellement... Une fortune d’errements. Sincèrement, rien à t’apprendre en pire période. 2013, je suis plus le grand frère de personne. Ce morceau, c’est pour dire : pas de nostalgie. L’expérience suffit pas. Non mais range cet air sérieux ! Je me suis promis de m’exiler de cette terre, Plutôt que de donner le gout de l’échec à ceux qui y naissent. Regarde : y a pas eu de der des ders. L’histoire nous apprend ce qu’on peut. La vie est moins naze que trompeuse, j’ai compris ça. Tu poses ton gun ? Un autre le sort. C’était son tour. Alors, nos cultures, nos savoirs, nos pratiques, c’est pareil : Tu les partages ou tu la fermes ! Dis-le aux vieux de la veille : sérieux faites-vous la belle ! Même du caviar ils feraient de la merde. C’est pas la même, non, le nihilisme et le désespoir. Tu m’excuseras... J’ai pas encore fini d’y croire. Juste pour avoir croisé de quoi. Toi-même tu sais, ça tient souvent qu’à un regard. Cette terre est pleine de surprises, c’est bien ce qu’elle a de plus beau. Et qu’on ait plein de défauts, c’est pas ce qu’on a de plus triste. Pas là pour jouer les durs, J’ai faim de vous, cannibale. J’ai passé l’âge d’être vide. Si y a pas le temps, c’est tant mieux... J’ai assez compté les heures... Si y a pas le temps, c’est tant mieux... Alors c’est vrai que je ramène bien du lourd dans mes thèmes. Je m’en suis mis dans le zen, dans les poumons, les veines. J’ai des potes à l’asile, de la merde plein les yeux, Des fantômes ont peuplé mon sommeil depuis peu mais... Mais toute l’armée des ombres Peut squatter les sommets, elle ne cache pas le soleil, non. Même bardé de mauvaises ondes, J‘essaie de pas m’attarder dans de fausses consolations. Ça, c’est pour mes survivants, Mes jamais sûrs de rien, des années de plus en moins. Tu sais bien, tout se guérit pas sur le divan. Je l’ai su furtivement, je réapprendrai demain. Mortels, donc humbles forcément, Car plus on en connait, et plus on n’en sait rien. À propos de la vingtaine, moi je me la joue modeste, Parce qu’en vrai, y survivre a des accents de défaite. J’ai rien appris reufré, ça je m’en souviens très bien. Des remords j’en ai plein, je les remets à demain. Mes hiers et ailleurs sont épuisés de regrets, J’ai traversé le miroir, je voulais briser le reflet. Je n’ai qu’aujourd’hui pour prendre de la force... J’en ai du taf pour déjouer le sort. Le temps, c’est de l’argent sur mes tempes... On se reposera quand on sera morts.

credits

released May 23, 2015

Un album écrit et produit par cerna, sauf les morceaux "Bienvenue dans mon désert", "On m'disait" et "Sur terre" produits par Kindred. Enregistré par Manu au studio Masdaz. Arrangé, mixé et masterisé par Kindred au studio 216 (contact: kindred.beats@gmail.com) ; pochette et livret conçus par Manu ; photo pochette dénichée par Judith ; photo pochette intérieure et livret par Boris Svartzman (contact: boris.svartzman@gmail.com) ; logo cerna par Natas (contact : natas.dsm@gmail.com) ; clips de Tonio, Rémi et Jiben pour Masdaz prod.

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cerna Marseille, France

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